mercredi 1 juillet 2015

Illiers-Combray

Quelle émotion quand on voit pointer au loin le clocher de l'église, décrite avec tellement de détails dans "Du côté de chez Swann" !

J'arrive sur la place triangulaire dominée par l'église en milieu d'après-midi, me précipite â l'office de tourisme, qui donne le ton. Intime, tenue par une vieille dame désuète qui connaît son Marcel Proust par coeur. Pas un chat dans la boutique ni dehors. Elle m'informe que la prochaine visite commence dans 10 mn, à la maison de Marcel Proust, qui est celle de tante Léonie dans la Recherche et celle de sa tante Elisabeth dans la vraie vie (vous suivez toujours ?)

Les indications pour trouver la maison sont ultra-confidentielles. J'entre par la porte du jardin, tout petit, genre jardin de curé. Le jeune guide est là, passionné, nourri d'exégèse proustienne, ainsi que... 2 autres visiteurs ! On est loin de Giverny et de ses hordes de Japonais.

Une halte dans la cuisine, restée dans son jus, avec tous les instruments d'époque, dont une cafetière "italienne" extraordinaire. Des photos de la domestique qui a inspiré Françoise, celle qui faisait éplucher des asperges à la jeune aide-cuisinière, enceinte et allergique aux asperges, pour la punir d'avoir "fauté".

Une autre station au pied de l'escalier en bois qui menait aux chambres, là où le jeune Marcel comprend soudain avec désespoir qu'à cause de la visite de Swann, il n'aura pas le baiser maternel qui lui assure une bonne nuit.

Toute la maison se visite ainsi avec des réminiscences de la Recherche, mais le guide prend soin de démêler ce qui est modèle de la création romanesque. Il a tellement lu d'études sur Proust qu'il en oublie parfois Proust lui-même. Je lui rappelle que les promenades du côté de Guermantes et du côté de chez Swann démarraient, dans la Recherche, l'une par la porte côté rue, l'autre par la porte du jardin. Il est enchanté de trouver à qui parler, je bois du petit lait..

Je finis cette journée divine dans l'église, fraîche, ancienne, dont les bancs sont tous clos, intimes eux aussi.

Un petit tour au restaurant de la place, où je suis seule et j'arrive au camping par une piste paradisiaque, bordèe de roses de toutes les couleurs et d'énormes touffes de lavande. Le camping est un rêve : piscine, spa, sauna, abri pour les vélos, grande tente pour les repas des cyclistes, accueil jusqu'à 20h... Tout ce luxe n'a rien à voir avec Proust. En fait, Illiers est sur la route Paris-Chartres-Mont Saint-Michel et personne ne se soucie de Proust.

NB : Illiers est la seule commune de France à avoir eu l'autorisation d'accoler à son nom administratif un nom fictif, Combray.

4 commentaires:

  1. Chouette dis donc ! Bon, pour moi, l'incipit de Du côté de chez Swann = mon premier cours de français à mon arrivée en prépa avec longue analyse de "longtemps je me suis couché de bonne heure" = quelques sueurs froides, quand même.

    Et alors pas de photos ?

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    1. Ah, oui, je comprends que Proust ne soit pas ta tasse de thé, même avec une madeleine :-)

      Non, pas de photo ! J'ètais tellement captivée et même capturée par le guide que je n'y ai même pas pensé ! C'est fou...

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  2. Çà fait rêver tout çà... et tout d'un coup on se met à chercher des " madeleines " !
    Mais qu'aurait inspiré l'apparition de votre équipage au distingué Marcel...?

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    1. C'est súr que l'attelage était surdimensionné et saugrenu dans ce décor ! Je pens que Marcel aurait été charmé de me voir traverser la France ppur lui rendre visite...

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Allez, lâche-toi !