mercredi 31 décembre 2014

Jour de l'An aux tisons




Il y a de grands avantages au froid polaire. La vue sur les pins gelés et le sable scintillant vous porte aux bilans et à la méditation. Chaque matin, je fais reculer l'obscurité, plus tardive à l'Ouest, avec l'allumage du poêle à bois. C'est le rituel du lever et, ô miracle, le jour ne tarde pas à se lever, le soleil illumine la maison et dégage peu à peu la voiture de sa gangue de glace nocturne.




Méditation et réflexion m'ont dirigée comme par magie vers une promotion d'abonnement 3G/4G jusqu'au 31 décembre. On verra la bête à l'usage, mais l'idée est de pouvoir, grâce à la fonction GPS de mon smartphone, improviser au jour le jour l'itinéraire et les étapes quotidiennes de mon tour de France, sans avoir à acheter un GPS. Trouver un camping d'un clic, quel bonheur ! Ne pas avoir à changer tout un itinéraire à cause d'un imprévu, quelle simplification ! En effet, le trajet ne ressemblera en rien à celui de l'Eurovélo 6, tout balisé et pré-mâché. Il se construira chaque jour, même si les grandes étapes sont déjà établies.

Ces réflexions feraient bien rire les jeunes générations, pour qui ces outils sont un prolongement naturel de la main et de la pensée. Pour moi, c'est un broyage de cerveau intense de comprendre, puis de peser le pour et le contre et l'utilité des nouvelles technologies. Quand j'ai un doute, je me rassure avec l'argument du voyage en solitaire, mais en contrepoint, j'ai une pensée émue et respectueuse pour Alexandra David-Néel et Ella Maillard, vraies voyageuses de l'inconnu.

Plus que 4 mois avant le départ, soit 2880 heures à partir des voeux de minuit, comme me l'a malicieusement fait remarquer mon amie Chantal. Or, loin de me calmer ou de provoquer l'euphorie, le compte à rebours déclenche en moi le même stress que la perspective d'un examen. Ce n'est qu'au premier tour de roues, le 1er mai, cheveux aux vents et soucis envolés, que la liberté se matérialisera pour moi.

En attendant, il est urgent de se faire du bien avec des retrouvailles familiales et de bons produits iodés ! A la bonne nôtre !

mercredi 26 novembre 2014

Ce que mon voyage ne sera pas

Mon voyage ne sera pas comme celui d'Astérix et Obélix dans leur Tour de Gaule. 

Certes, ils voyageaient, en partant de leur village d'irréductibles Bretons, dans le sens des aiguilles d'une montre, comme je compte le faire. Mais leur voyage avait un autre sens. Il s'agissait de prouver aux Romains qu'ils étaient libres de circuler comme bon leur semblait dans leur propre pays, et ils le leur prouveraient en rapportant un souvenir de chaque région visitée. Voici leur itinéraire :

- Rotomagus (Rouen) où, poursuivis par les soldats romains, ils n'ont pas le temps de faire des emplettes.
- Lutèce, où ils se fournissent en jambon. Le jambon de Lutèce est en effet bien connu.
- A Camaracum (Cambrai) : ils s'arrêtent "Aux bêtises de Camaracum".
- Durocortorum (Reims), c'est l'endroit idéal pour acheter une amphore de chaque sorte de vin pétillant : brut, sec, demi-sec, doux (c'est Obélix qui porte).
- Divodorum (Metz) : leurs aventures en prison les empêchent de faire des courses.
- A Lugdunum (Lyon) : du saucisson et des quenelles.
- Nicae (Nice) : de la salade nicaeoise, bien sûr.
- Massilia (Marseille) : de la bouillabaisse (pratique, dans un baluchon !)
- Tolosa (Toulouse) : de la saucisse, évidemment.
- Aginum (Agen) : ils mangent des pruneaux avec le sanglier.
- Burdigala (Bordeaux) : une amphore de Burdigala blanc et des huîtres.

Au village gaulois, devant le festin somptueux, l'inspecteur général Lucius Fleurdelotus ne peut que constater sa défaite.

Après ce petit rappel culturel, il est important de préciser que j'éviterai quant à moi soigneusement les grandes ou moyennes villes, qui sont des pièges à cyclistes attelés. Je me garderai bien aussi de fréquenter les boutiques de souvenirs ou de spécialités (sauf pour les consommer immédiatement). Je tiens à rester une voyageuse à la pédale ailée, les cheveux au vent et la remorque légère. Pas plus de 20 kg cette fois-ci, l'expérience m'a appris ce qui était vraiment nécessaire à ce genre de périple.

Le voyage, c'est surtout une suite de renoncements : à tout ce qu'on ne peut pas emporter, à tous les lieux que l'on ne verra pas, à tous les gens qu'on ne fait que croiser un moment. Mais c'est aussi ce qui fait l'intensité de l'entreprise. Chaque instant vaut de l'or et on s'en souvient toujours.


mardi 11 novembre 2014

C'est parti !

Et c'est parti pour un Tour de France avec Yin et Yang, le fidèle attelage de mon voyage vers la Mer Noire en 2013. J'aurais bien appelé ce nouveau voyage "Voyage en France" mais trop tard, le titre était déjà pris par Henry James (A little tour in France). J'ai alors pensé à "Voyage en zigzag", mais Rodolphe Töppfer était passé par là au XIXe siècle. Je vous recommande d'ailleurs chaudement ces petits bijoux d'humour !

Départ le 1er mai 2015, pour chasser la malédiction de l'hiver. Avec donc la contrainte supplémentaire de la saison des pluies, qui rend le camping plus aléatoire. Retour le 15 août, après un détour très attendu par le festival du Roc Castel dans le Larzac. 

Le Tour de France de mes envies, c'est quoi ? Eh bien, c'est tout ce que j'ai toujours voulu voir en France, sans jamais pouvoir le faire, par manque de temps ou d'argent. Maintenant, le temps, je n'en manque pas, et pour l'argent, eh bien, je trouverai des solutions. Comme je n'ai pratiquement plus de matériel à acheter, je n'ai pas trop d'angoisses.

Dans ce tour de France, il y aura de tout : de la littérature, de la musique, de la grande histoire, de la petite histoire, de la peinture, de la nature, des petites Venise, de la religion, de l'architecture, des jardins, un poète, du sport extrême, des contes, des jouets, un carillon, sans compter toutes les merveilleuses surprises du voyage. Je vais me faire plaisir et vous entraîner avec moi.

Une chose est sûre, en tout cas : ce sera un voyage en roue libre. Pas d'autre règle que le plaisir de la découverte.