vendredi 29 mai 2015

Sur la route de Bayeux - Le Mont Saint Michel

Première journée entièrement plate ET ensoleillée. A peine imaginable : je pédale une grande partie de la journée le long de la baie du Mont Saint Michel, toute au plaisir du paysage. Je vois la réplique du courant d'Huchet. Je vois aussi une vraie maison de Hobbit. Je passe dans les polders et vois des moutons de pré-salé. La route du bord de mer est tranquille, c'est la saison idéale.

Je découvre un peu plus tard que tous les touristes de toutes nationalités sont au Mont Saint-Michel, et précisément dans et autour de MON camping. Il faut dire que le Mont Saint-Michel est en train de devenir Las Vegas. Files de bus, hôtels, restaurants, bars, magasins de luxe, il ne manque qu'un casino. Les prix ont augmenté aussi vite que la température. Il est temps de fuir...

mercredi 27 mai 2015

Ode à Brécey

Ô Brécey, petite ville méconnue de Basse-Normandie, gràces te soient rendues pour t'être trouvée sur ma route en cette après-midi fourbue ! Tu ne te donnes pas à n'importe quel cycliste de voie verte. Il faut te  conquérir de haute lutte, gravir des collines à l'infini pour finir dans une descente à 18° aux freins hurlants.
Tu ne te vantes pas de ton camping 3 étoiles à 9 euros (Saint-Malo : 20, Saint-Michel : 15). Ni de sa gérante chaleureuse qui m'appelle par mon prénom, me propose une table, une chaise, une rallonge électrique... N'en jetez plus, je n'ai pas l'habitude d'une telle bonté !
Ah, Brécey, c'est alors qu'on te découvre vraiment, vibrillonnante d'activité autour de ta grande place carrée, fermement encadrée par une mairie et une église d'opérette, cafés et restaurants désuets et chaleureux. Tout converge vers le P'tit Nicolas, restaurant-pizzeria qui a installé une grande terrasse en surplomb sur la place pour qu'on sente ton coeur battre, Brécey.
Brécey, tu as organisé une soirée aux petits oignons rien que pour moi. Le soleil doux et chaud qui n'en finit pas de se coucher sur la place, les discussions avec les clients et le patron, le gratin au boeuf hâché maison, la petite manzanilla du patron. Brécey,  je te jure que je t'aimais déjà avant la manzanilla.
Mais, Brécey, quelle faute de goût impardonnable, alors que je me glissais dans tes bras pour une nuit réparatrice ! Pourquoi ces détonations toute la nuit dans la campagne ?

lundi 25 mai 2015

Saint-Malo

25 mai 2015

A l'origine, mon étape malouine était le point de départ d'une échappée à Guernesey, lieu où se situe l'action du roman "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates". Ce livre m'enchante par son humour, sa tendresse et le récit détaillé de la souffrance des habitants pendant la seconde guerre mondiale. On ne sent jamais le poids de la recherche de documentation, elle fait partie du roman et de la quête du personnage principal.

Bref, je voulais voir les lieux "en vrai", et voilà que j'apprends aujourd'hui qu'il n'y a pas de bateau pour Guernesey avant début juin !

Mais entre-temps - voyez comme les choses s'arrangent harmonieusement - j'ai découvert que j'arrive pile le week-end du festival "Etonnants Voyageurs"qui draine un public considérable autour d'un nombre non moins considérable d'auteurs. J'affronte la foule ce matin et je tombe au hasard sur Jean-Marie Blas de Roblès qui parle de son dernier livre "L'île du point Nemo". Je suis tellement contente de voir en chair et en os l'auteur foisonnant d'érudition de "Là où les tigres sont chez eux" ! Puis Michel Serres et plusieurs autres. Les voyageurs du festival peuvent être "en chambre", qu'importe s' ils nous font voyager dans notre tête...

Petite visite de Saint-Malo par grand vent et grand soleil.

Ne demande pas et tu obtiendras

Il s'en passe d'étranges en voyage.
J'étais affalée dans l'herbe au bord d'une petite route ensoleillée, à croquer mon dernier carré de chocolat blanc, lorsqu'un jeune couple de joggers s'arrête pour me poser les questions habituelles. Ils font de la course à pied et du vélo en club (sans s'occuper de logistique !) et me proposent tout à trac de dormir chez eux quand je passerai à Châlon ! Les miracles se bousculent à ma porte...
A l'arrivée à Saint-Malo, j'entre au hasard dans un bar en ville pour ma petite bière-récompense. Je suis la première cliente du soir, le patron est dispo, on parle tour de France et vie en général. Le patron me dit : "Tenez, je vais vous faire un cadeau qui va bien avec votre délire". Et il me tend une boîte de sardines collector décorée par un ami peintre, sélectionné en 2013 pour orner 40 000 boîtes vendues sur internet. Toutes vendues, ce qui donne à ces sardines une valeur inestimable (DLC 2023). Jamais je n'oserai ouvrir cette boîte.
Le peintre est arrivé peu après, tenant sous le bras - tel le Saint-Sacrement - son portrait de Laura Smet, leur fascination ultime â tous les deux. La question s'impose : Laura Smet a-t-elle vraiment posé pour lui ? Hélas non, il a peint d'après photo. Devant une telle adoration, je n'ai pas osé ramener mes sardines et demander ce que représente la peinture. J'y vois 3 poilus éclatés. Et vous ?
La vie sur la route est formidable.

La merveilleuse boîte de sardines

Bientôt je vous conte cette belle histoire, le temps de régler un problème de batterie.

samedi 23 mai 2015

Corps-Nuds - Rennes - Combourg

Le pays devient de plus en plus plat, toujours bocager. Je profite davantage du paysage. Le temps s'est radouci et j'ai recommencé à camper. Tout s'est ranimé. Il y a des magasins ouverts, des gens dans les rues. 3 personnes m'ont abordée pour me poser des questions sur l'attelage ou le voyage, dont un photographe qui ne voulait plus me lâcher.

Me voici à Combourg. Je ne pouvais pas faire l'impasse sur le château où Chateaubriand a passé ses "années de délire" avec sa soeur Lucile. Chateaubriand n'a donc aucun rapport avec le Chateaubriant précédemment traversé, il faut que ces choses-là soient dites.  La guide, une petite femme propre sur elle, nous débite des pages entières des Mémoires d'Outre-Tombe selon les pièces où nous nous trouvons, et elle y met un humour délicieux qui me donne envie de relire les Mémoires... quand je serai rentrée.
Ce soir, c'est galette combourgeoise et bolée de cidre.
A votre santé !

vendredi 22 mai 2015

Chateaubriant - Corps-Nuds

On quitte Chateaubriant par la voie royale : une voie verte, puis 30 km de Voie de la Liberté, une nationale toute droite et presque sans véhicules. Elle est intitulée "1944", donc j'en déduis finement que c'était la route de la Libération...
Je fais un détour pour tenter une boulangerie dans un village. Pas de boulangerie, mais un café-restaurant tenu par un jeune couple militant avec bébé. Je me pose un instant dans cette ambiance détendue, avec musique locale. La bibliothèque est impressionnante. Liste non exhaustive des revues exposées : "L'âge de faire", "Le Monde libertaire", "Détachez vos ceintures", "Charivary", "Casseurs de pub", "Peuples solidaires". Le jeune papa, bébé en poche kangourou, sert au bar pendant que sa femme cuisine. Il me raconte qu'un de ses amis fait le tour de TOUTES les municipalités de France à vélo. Qu'un jour, son vélo trop lourdement chargé s'est cassé en cassant sa jambe. Mais il continue à rouler et à faire tamponner son papier dans toutes les mairies où il passe.
Dans l'après-midi, je passe dans un village dont le nom m'interpellait depuis un moment ; Corps-Nuds. Tout est propret, vivant, des maisonnettes en pierre où pourraient habiter des Hobbits, une église extraordinaire dans le style byzantin. Tout autour s'organise la vie : boulangerie, poste, café-tabac. Pas de doute, il faut faire une pause dans cette oasis de vie pour commencer à chercher un hébergement. L'employée du bar prend mon problème très à coeur et me propose une adresse. Une cliente participe à la conversation et finit par me proposer de venir dormir chez elle ! Je n'en crois pas mes oreilles : le rêve absolu du vagabond est en train de se réaliser ! Nous voilà parties bras dessus bras dessous vers son appartement très zen, comme elle, à nous faire mille confidences comme si nous étions destinées de toute éternité à nous rencontrer. Monique a même réussi à me faire regarder Julien Lepers. La vie est quand même étonnante.
Pour finir, elle me tire les cartes. L'oracle : "L'illimité", exactement ce que je recherche et ressens dans ce voyage initiatique...

Chateaubriant

J'arrive tard à Chateaubriant, la première ville animée que je traverse : piétons, commerces ouverts, cafés, restaurants... Je demande à une passante si elle connaît un petit hôtel sympa et pas cher, car il fait toujours glacial et je suis épuisée. Oui, elle connaît le Quai 3, à côté de la gare. Bigre, ce n'est pas le quartier que j'aurais choisi, mais je lui fais confiance.
Pour y arriver, on fait tout le tour du magnifique château des ducs de Bretagne, c'est déjà une récompense. L'hôtel est tout à fait propre et sympathique dans le genre baba cool : bonne musique, habitués très fréquentables et surtout un cycliste ! On va pouvoir parler voyages et vélo. Nicolas est Suisse, avec ce petit humour très particulier qui m'enchante et ce sont des discussions sans fin sur les cartes vs la technologie, la campagne française désertifiée, les voyages passés et futurs. Nous nous quittons sans avoir échangé autre chose que nos prénoms.
Le grand événement de cette nuit, ce sont 2 jeunes clients facétieux qui ont immobilisé mon vélo en le truffant d'attaches plastiques pour électricien : les roues, les freins, la pompe, le casque, tout est ficelé. La patronne est furieuse, d'autant qu'ils ont aussi fumé et mis de la musique à 6h du matin. Moi, tant qu'on n'abîme ni ne vole mon matériel; je trouve ça plutôt drôle...
L'ironie de l'histoire, c'est qu'hier soir, Nicolas le cycliste avait été un peu dépité que la patronne ne lui propose pas comme à moi de rentrer son vélo à l'intérieur de l'hôtel: Le voilà mieux loti que moi ce matin.

jeudi 21 mai 2015

Ancenis - Chateaubriant

Une jolie anecdote de voyage.
Je m'arrête à l'heure du Coca en début d'après- midi dans un café ouvert (ils sont tellement rares dans la campagne que je pense les avoir tous faits). Je parle de mon voyage avec la patronne qui me pose plein de questions, dont la plus fréquente  est : "Vous n'avez pas peur, toute seule ?" Réponse : Non. Elle connaît une fille de 25 ans qui a pris un "congé sympathique" pour faire le tour du monde. Je m'étouffe intérieurement mais n'en laisse rien paraître. Après tout, elle n'a pas tort...

Mortagne - Ancenis

Après quelques vicissitûûûdes (ici, trémolos gaulliens) dues à une crevaison, j'ai atteint la Loire ! Souvenirs de 2013, la chaleur en moins. Je m'arrête au camping de l'île Mouchet, qui offre tout ce dont le cycliste peut rêver : bar, restauration, wifi, piscine, sanitaires flambant neufs et nickel propres, mais surtout le must par temps glacial et pluvieux : des cabanes à dormir perchées au-dessus d' une table avec bancs (à l'abri, donc). Le bon compromis entre la tente glaciale et le logement en dur trop grand et cher.
A 6h du matin, je réalise que les toilettes sont l'endroit le plus "chaud" du camping et je m'y installe confortablement sur un couvercle pour envoyer une série de messages. Mes amies du Club auraient bien voulu une photo, mais trop tard, je n'y ai pas pensé.
Avec les employées du camping, on se lamente en choeur sur le mauvais temps. Pour leur faire comprendre la vie de cycliste, je leur explique que le vent glacial tourbillonne tellement qu' il me fait un chignon même avec mes cheveux courts. Elles sont mortes de rire.

mercredi 20 mai 2015

La guerre de Vendée

Me voici donc à Mortagne-sur-Sèvre, une petite ville que j'ai découverte dans les mémoires de mon grand-père, lorsqu'il mentionne l'histoire des Boutillier de Saint-André, racontée par Marin-Jacques, le fils, âgé de 12 ans lors des événements de 1794.
Traqués par les "bleus" (révolutionnaires), les Vendéens (Blancs) fuient. La famille de Marin-Jacques - le père, Marin- Jacques, est maire modéré - part dans le bois des Granges cacher de l'argenterie pour les enfants après la guerre. Les parents savent déjà qu'ils n'échapperont pas au massacre et ils veulent assurer l'avenir de leurs enfants.
C'est l'histoire du "trésor" caché qui m'avait intriguée au début, mais j'ai ensuite appris que ce coin avait été exploité (et bouleversé) pour son uranium. En tous cas, l'histoire tragique de Marin-Jacques me passionnait.
Chez Antoine et Flavie, mes hébergeurs pour 2 nuis, on est accueilli comme chez des amis et on parle vélo et vie en général jusqu'à point d'heure.
Ils me conseillent pour mon enquête de commencer par la mairie. Je suis accueillie par la secrétaire, membre d'une autre branche de la famille ! Elle m'adresse à un certain Constant, qui arrive dans les 5 minutes pour me cueillir en voiture  et me faire visiter tambour battant les hauts lieux de Mortagne : le cimetière et les tombes Boutillier, dont je découvre les armes : "trois bouteilles d'argent, au large ventre, posées 2 et 1 sur fond de gueules" (cette description officielle oublie une grappe de raisin). Leur devise : "Ubi lagena ibi laetitia", qu'on pourrait traduire par : là où il y a une bouteille, il y a de l'allégresse. De mieux en mieux ! Je sens mon cicerone un peu embarrassé par cette trivialité, moi je suis enchantée.
Cet homme est un puits de science sur l'histoire locale, même s'il mélange parfois les époques, les lieux, les branches. Il faut dire que quelques générations au-dessus de mon Marin-Jacques, il y a eu une fratrie de 24 enfants ! On se perdrait à moins...
Il m'emmène en suite voir toutes les maisons Boutillier de Mortagne, autant dire le tiers de la ville, puis le fameux bois des Granges où était cachée l'argenterie. Enfin chez lui, où il conserve une incroyable documentation.
Là, je découvre que le nom de Boutillier "est tiré des grandes charges de la couronne, au temps du Moyen-Age. Le titre de"Grand Bouteiller de France" était connu sous la seconde et troisième race de nos rois. Les fonctions du Grand Bouteillier étaient exercées par l'un des cinq officiers de la Couronne ; elles réputaient l'honneur de présenter le boire aux rois. Le Grand Bouteillier avait un office qui différait essentiellement de celui d'échanson, et le surpassait, hiérarchiquement".
Constant m'aurait gardée toute la journée s'il n'avait eu un autre rendez-vous. Si ce n'est pas de la passion !
Mais le plus marquant de la journée, c'est la lecture d'un livre sur la guerre de Vendée chez mes hôtes. L'année 1794 a été un vrai carnage et rappelle par bien des côtés les guerres de "religion" actuelles. Même ignorance, même bêtise. Comment un désir légitime de réformes a pu se transformer en génocide, c'est un mystère pour moi.

lundi 18 mai 2015

Aux origines

Mon départ de Hérisson est un vrai cauchemar ombilical. Pendant une heure, toutes mes tentatives aboutissent  à un retour au point de départ. Le Navigateur me perd, un méchant agriculteur me barre son chemin "privé" et enfin un gentil agriculteur m'indique la direction de la voie verte. Vivent les relations humaines.

A folle allure, je fonce maintenant sur une piste de 20 km et une nationale quasi-déserte de 40 km en direction de Mortagne-sur-Sèvre (la Sèvre nantaise cette fois). Je pars à la rencontre de mes ancêtres dont j'ai dévoré l'histoire dans le livre de Marin-Jacques Boutillier de Saint-André sur la guerre de Vendée, souvenirs vivants et touchants de la tourmente par un enfant de 12 ans, qui était mon arrière-arrière-grand-père (voir en particulier les pages 167 et suivantes).

http://www.abibnum-vendee.org/boutillier/boutillier.pdf

Je vais rester une journée à Mortagne pour m'imprégner du lieu et tenter d'en savoir plus.

Vers le Nombril du Monde

16 mai - Pougne-Hérisson

Une force irrésistible m'attire vers Pougne-Hérisson, auto-intitulé Nombril du Monde. C'est indiqué à 60 km, mais entre les facéties du Grand Navigateur et mon incompétence personnelle, il y a matière à surprises. La plus grande surprise, c'est que Pougne et Hérisson sont en réalité 2 villages distincts, éloignés de 3 km, et que les choses se passent à Hérisson, tout au bout du village, alors que j'arrive par Pougne au-delà de l'épuisement.

Il n'est que 5 heures, mais le ciel est bas et humide, les visiteurs rares. J'entre dans le jardin extraordinaire créé par ces allumés de l'imaginaire, conçu de telle sorte qu'on s'y perde et qu'on ne veuille plus en sortir. Un peu de régression, beaucoup d'évasion. En fin de journée, j'ai la chance de pouvoir discuter au bar avec 3 animateurs des joies et des difficultés de cette formidable entreprise, dans une campagne en voie de désertification. Comment par exemple faire entrer dans le concept un groupe d'autistes, qui par définition ne sont pas dans l'imaginaire, mais dans le concret immédiat ?

Il est plus que temps de trouver un gîte (trop froid pour camper) et j'atterris chez des éleveurs de chiens de chasse qui m'accueillent au pied levé avec leurs 200 compagnons. Je deviens copine avec un bébé bouvier bernois : il adore mes lacets et sa mère est trop contente que quelqu'un prenne le relais pour l'occuper.

Suite à un bug sur mon smartphone, vous ne verrez pas les photos de cet article écrit sur un ordinateur de rencontre. Désolée, ce sont les joies du voyage...

dimanche 17 mai 2015

Marais poitevin

15 mai - Niort - Marais poitevin - Vix
Le pied ailé et la jambe légère, je m'élance pour une étape de rêve. C'est mon orteil gauche qui est content, pas  de marche aujourd'hui ! Je me retrouve presque longeant le Danube en ce
matin ensoleillé le long de la Sèvre niortaise.
Le pays est aquatique, vert, paisible. On sent qu'il ne peut rien arriver de maléfique ici, juste peut-être une petite noyade dans les contes pour enfants pas sages.
Les maisons et les jardins sont bichonnés et ravissants.
Je fais des tours et des détours pour trouver les peintures de Gaston Chaissac dans l'école de Vix. L'école est en effet toute décorée dans ce style, mais par les enfants de l'école, m'apprend un employé communal, qui n'a jamais vu les peintures originales. Le tout est joyeux, pétant et témoigne d'une reconnaissance tardive du peintre.
Encore des tours et des détours pour trouver où me loger, et j'atterris dans un rêve de voyageur au bout du rouleau : une maison de famille chaleureuse où vivent les grands-parents et leur petite-fille, poupée de porcelaine mutine, un cheval, un âne, une chèvre, un chien, un chat et que sais-je encore. Les clients sont comme des amis qu'on accueille autour d'un verre. Ah, comme je vais bien dormirrrrrrrrrrr !

vendredi 15 mai 2015

Une Venise verte

15 mai 2015 - Niort
Pour arriver à Niort, on passe par un hameau nommé Saint-Médard. Croyez-le ou pas, c'est là que j'ai failli me faire surprendre par l'averse du siècle. Je n'ai eu que le temps de me réfugier dans une cour de ferme abandonnée, sous un toit de tôle abritant déjà des monceaux de détritus. Munie de victuailles roboratives, j'ai joui intensément de ma chance.
Niort se mérite : des kilomètres de route zonzonnante de voitures, suivis par des kilomètres de zones commerciales à ronds-points puis par des kilomètres de banlieue laide, oui, il faut beaucoup désirer Niort.
J'ai vu tout ce qu'un touriste doit voir : le donjon, le marché, la Maison du Pilori, et je me suis écroulée dans un hôtel tout près du départ vers le Marais Poitevin. Demain, première journée plate, très attendue par mon gros orteil gauche, tout enflammé par toutes ces journées de marche dans des chaussures cyclistes pas exactement adaptées. Les chaussures - Cannondale - elles, ont très bien résisté, merci.

jeudi 14 mai 2015

Ne perdons pas le fil

10 mai - Etang de St Estèphe - Rochechouart
11 mai - Rochechouart - La Péruse
12 mai - La Péruse - Ruffec
13 mai - Ruffec - Chef-Boutonne
14 mai - Chef Boutonne - Niort

Rochechouart est une petite ville perchée où domine un magnifique château en restauration. Je passe dans la rue "Mortemart", et voilà mes soupçons confirmés. Je suis bien dans le berceau d'Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan.
Pour l'heure, la ville est déserte, tout est fermé, sauf une exposition sur la météorite d'il y a 200 millions d'années qui a donné son nom au camping, au café (qui sert des bières ... Météor, mais qui est fermé). La jeune géologue m'explique que ce sont les pierres de construction des maisons du coin qui ont alerté les scientifiques sur le phénomène, et voilà comment la météorite a supplanté la Montespan.

A Ruffec, j'ai dormi dans un magnifique camping fréquenté par les employés de la LGV Tours-Bordeaux. Arrivées tardives, départs matinaux, pas de tout repos pour le cycliste harrassé.

A Chef-Boutonne, me voilà dans un camping tenu et fréquenté par des Anglais. Il y a beaucoup d'Anglais dans cette région, qui tiennent des campings, des gîtes, des chambres d'hôtes, des écoles de langues. On se sent presque en terre étrangère...

mercredi 13 mai 2015

Sur la route

Rencontré sur la piste landaise un cycliste très intéressé par tout mon attirail. Il me pose plein de questions sur mon voyage, puis conclut : "Eh bien moi, je fais comme vous, mais en camping-car".
Ben oui, c'est presque pareil , quoi !

Une patronne de café de campagne tellement soufflée par mon équipée qu'elle n'a pas voulu me faire payer le café pour me souhaiter bonne route.

Le jour où j'étais prête à renvoyer mes 5 kg de chargement non essentiels, j'arrive à la poste 1/2 heure avant l'ouverture. Je tourne en rond dans le village et suis invitée à entrer dans la cuisine d'un couple pour prendre un café et des biscuits BN. De confidence en confidence, j'apprends que leur petit-fils est lourdement handicapé et limite considérablement la liberté de mon hôtesse, qui adorerait faire une escapade à vélo avec sa fille et oublier tous ses soucis : vous allez le faire, c'est juste une question d'organisation !
PS : j'ai perdu votre adresse pour vous envoyer une carte de Saint-Malo. Si vous me lisez, mettez-la moi en commentaire !
PS2 : la poste n'avait pas de terminal de carte bancaire, il n'y avait pas de distributeur d'argent. J'ai donc suivi les conseils de la factrice sur un itinéraire évitant la nationale de la mort pour aller au prochain village. Tout le long du trajet de sa tournée, nous nous sommes doublées, elle m'indiquait les directions jusqu'à ce qu'il n'y ait plus à se tromper. Conclusion : je vais aussi vite à vélo qu'un facteur !

Sur une route fréquentée, j'aperçois soudain sur ma gauche une petite mairie de conte de fées qui annonce un "Musée de l'école". Je fais demi-tour. La mairie est ouverte, coup de chance, et occupée par 2 dames charmantes, qui acceptent joyeusement de me faire visiter le musée, normalement fermé. Un musée délicieux, plein de souvenirs d'encriers et de leçons de morale. Une au hasard : "L'homme qui s'adonne à l'alcool dans les pays du sud devient colérique, celui du nord devient stupide". A méditer. Nous nous quittons enchantées, j'hérite d'un prospectus du musée dûment daté qui doit me servir de "compostella" pour la suite du voyage.
Toutes ces rencontres sont inoubliables pour le voyageur solitaire.

Vent d'ouest

Depuis Rochechouart, j'ai décidé de renvoyer 5 kg de chargement à la maison, dont... l'ordi ! Une énorme différence pour grimper les côtes, mais il ne me reste plus que le smartphone et mon index droit pour écrire, autant dire la préhistoire.
Plus que le smartphone aussi pour trouver un itinéraire, et là, il ne me reste plus qu'une poignée de cheveux sur la tête.
Sinon, entre les côtes et les perditions, j'avance comme une limace engluée dans sa bave. Une moyenne de 35 km par jour au lieu des 60 escomptés.
J'ai d'ores et déjà rayé de ma carte le Futuroscope, qui faisait un grand détour, et je renoncerai aussi sans doute à la partie au nord de la Baie de Somme.
Je compte aussi sur le cap des 15 jours, quand le corps a intégré toutes les données du voyage à vélo et demande à rouler sans fin.
En attendant, il fait beau et je me dirige vers le Marais Poitevin ! Je dors à Chef-Boutonne, dans un camping tenu et fréquenté par des Anglais. Il y a du soleil et du vent, le linge sèche en une heure...

samedi 9 mai 2015

Vers la lumière ?


8-9 mai 2015 - Antonne-et-Trigonant - Brantôme - Etang de Saint-Estèphe

Un jour noir, un jour ensoleillé... Petites surprises du chemin :

Arbre mangeur de plastique

Vélos facétieux

Un petit rayon de soleil, vite, une photo !

Arrivée dans le Périgord vert, plus doux que le Périgord blanc

 Brantôme est surtout connue comme "petite Venise"- elle est complètement encerclée par l'eau de la Dronne, mais elle semble avoir eu un passé royal et religieux glorieux. Dès le début de mai, elle est envahie de touristes du 3ème âge qui déambulent d'un air ennuyé dans les rues.

J'ai fait la connaissance d'un charmant aubergiste qui servait des tartes aux légumes faites par sa maman avec des dizaines de thés exotiques. Une tarte aux légumes avec un Lapsang Souchong, mmmmmmmmm........ Trêve de galère, je me jette dans les bras de l'hôtel Aliénor, dors comme un nourrisson et me réveille fraîche comme un gardon, encore dans mon rêve d'héritage d'un oncle d'Amérique qui avait l'air tellement vrai !

Brantôme entourée par les eaux

Brantôme


Brantôme

Brantôme


Ce matin, les reliefs sont plus doux, le soleil fait des apparitions de plus en plus nombreuses, le moral remonte en même temps que la température.

Il y a deux écoles parmi les cyclistes : ceux qui détestent rouler avec les conducteurs du dimanche et se reposent en socialisant avec l'autochtone. Et ceux qui profitent de l'accalmie de la circulation pour avaler les kilomètres tranquillement. Personnellement, je n'ai rien contre les conducteurs du dimanche. Ils n'ont pas d'autre but que d'aller au restaurant ou en revenir en digérant leur Paris-Brest, ou rouler pour endormir le bébé, ou rouler pour rouler. Mais ils sont tranquilles. Et surtout, pas de camions hurlants, ça c'est un repos !

La route révèle des surprises, comme ce chien affalé sur la route, qui ne bouge pas d'un poil au milieu de la circulation, ni même quand je m'approche pour le prendre en photo. Il est juste bien là, et pas ailleurs, et qu'on ne vienne pas le stresser ! Sa photo ne veut même pas bouger pour se mettre au milieu de la page, c'est dire !



Chien zen












Camping ce soir à l'étang de Saint-Estèphe, un Eden au soleil.




Petits tracas de mèmère

J'attends celui qui commercialisera le sac de couchage-gigoteuse.
Je m'explique : sous la tente, j'ai toujours froid aux épaules et dans le haut du dos, surtout par les températures qui courent. Solution officielle : se saucissonner les bras et serrer le tout autour du cou (après avoir serré la capuche). Parfait, sauf que dans cette position tout sauf naturelle, je ne peux plus chercher quelque chose que j'ai oublié, je ne dors plus, bref, je suis très malheureuse.
Alors qu'il suffirait d'inventer un sac de couchage avec épaules à scratcher et tour de cou douillet. On se couche avec une veste polaire et on a les bras libres de leur mouvements. CQFD.
Attention : cet article constitue un antécédent de brevet qui devrait m'apporter une fortune considérable. La date de l'article fera foi.

In memoriam

Ceci est une oraison funèbre au projet de tour de France de mon amie Chantal Krief, partie à la même période que moi, mais de Montpellier. Nous nous sommes connues l'été dernier au festival de Roc Castel (http://sirenedudanube.blogspot.fr/p/festival-du-voyage-lent.html).

Elle est bien vivante, Dieu merci, mais elle a la rage, car son voyage a tourné court à la suite d'une chute et d'un poignet fissuré. Ayons une pensée pleine d'empathie pour son rêve enfui... peut-être au profit d'un plus beau encore, ou qui sait, une merveilleuse rencontre au cours de l'été. On est avec toi, Chantal !

Pour les geeks uniquement

Quelques nouvelles de mes 5 fidèles compagnons :
  1. L'appareil PPC (Pression Positive Continue) pour les apnées est celui qui donne le moins de souci (à part son poids et son volume). Il marche comme un tracteur Ferguson.
  2. Mon bon vieil appareil photo marche lui aussi super bien. Je décharge les photos du jour le soir sur I-Photo. Pas de souci de stockage ni de carte mémoire perdue.
  3. Le portable 2G avec abonnement 3G (cherchez l'erreur) me sert pour le téléphone, les SMS et surtout la navigation (la fonction photo ayant rendu l'âme peu avant mon départ). En fonction "Navigation", il ne fonctionne pas toujours. Ca démarre normalement et ça se termine en "Connexion en réseau perdue". C'est là qu'il faut utiliser son bon sens et les relations humaines, puisque je n'ai pas de carte). Ce matin, je sais juste que je pars vers le nord en direction de Nontron.
  4. L'ordinateur est bien pratique pour écrire sur le blog, mais bien lourd dans les montées. Cette nuit, il m'a fait une belle peur : quand je l'ai branché pour le recharger, l'indicateur restait sur le rouge alors qu'il était à 95 % de charge et le truc carré au milieu du fil de connexion était brûlant. J'ai tout débranché et ce matin, la petite lumière était à nouveau verte. OUF !
  5. Le chargeur de batterie a eu un gros problème au début du voyage : je l'ai oublié sous la pluie battante toute la nuit. Il marchait encore le lendemain matin (une des deux prises USB seulement). Il marche depuis 5 jours. Il a vraiment une grande capacité de recharge, en tous cas toute la journée pour le portable en utilisation Navigation. Il n'est pas trop lourd ni encombrant : bon choix, Noémie, merci ! Mon seul souci, c'est que je ne sais jamais s'il est chargé ou non, il a toujours le même indicateur : un rond lumineux qui se dessine et s'efface régulièrement.
Tout ce matériel n'est pas très facile à gérer en camping sous la pluie. Il faut que je me rachète une rallonge pour aller jusque sous la tente, ainsi qu'une prise multiple.

Je pense qu'il va falloir faire des choix pour m'alléger, si ce relief doit continuer !

jeudi 7 mai 2015

Périgord, encore !

6-7 mai 2015 - Villamblard - Périgueux - Antonne et Trigonant

Jours froids, humides, ciel bas et triste, pluie intermittente, montées, descentes, descentes, montées. Je fais beaucoup de marche à pied en poussant mon barda, et très peu de vélo finalement. J'ai le moral dans les chaussettes (sales). Le Périgord est une très belle région à visiter en voiture et en été, il faudra que je m'en souvienne.

Les campings sont déserts quand ils ne sont pas fermés. Mais les patrons sont très accueillants en général, pas encore blasés par la horde estivale. A Villamblard, il faisait tellement froid la nuit dernière que j'ai dû déplier pour la première fois ma couverture de survie. Au petit matin, il faut un temps fou pour se réchauffer d'une bonne bouillie d'avoine aux raisins secs (la deuxième fournée, parce que la première m'est tombée sur les pieds. Ca réchauffe, notez bien)

Couchée avec les poules, lestée d'un anti-histaminique

La trouvaille du siècle pour soulager les reins : poser les jambes sur le sac de voyage

Aujourd'hui, je n'ai fait que passer rapidement à Périgueux, que je trouve mal agencée et sans unité de style, moche pour tout dire. Et pas de camping, en plus ! Le syndicat de tourisme m'a indiqué une voie verte PLATE qui menait à mon camping comme dans un rêve. C'est-y pas beau ? Finis les camions qui roulent comme des malades, les montées épuisantes et les descentes terrifiantes... Entre-temps, le soleil est revenu. Le bonheur !










mercredi 6 mai 2015

J'ai rencontré Cyrano !

5 mai - Bergerac

Une nouvelle attaque de pollen me casse les jambes et le moral. Je me précipite à la pharmacie pour une petite provision d'anti-histaminiques, me couche avec les poules au grand désappointement de Bastien qui voulait m'inviter à une dîner convivial avec des camping-caristes. Je ne tiens plus debout, inutile de jouer les héroïnes.

Le lendemain, je suis prête à jouer mon rôle de touriste. Alors voici un petit panorama de Bergerac :

La Maison Royale

Un platane qui tient toute la place, c'est le cas de le dire

La Maison du Vin (Couvent des Récollets)

La Maison du Vin

La Maison du Vin

J'ai rencontré Cyrano !

Eglise Saint-Jacques et Cyrano

Les gabarres sur la Dordogne
Et non, je n'ai pas goûté à la cuisine ni au vin de Bergerac pour cause de budget. Je suis allée chez un indien qui faisait une cuisine raffinée et parfumée, et dans une pizzeria !

mardi 5 mai 2015

Coup de pompe à Bergerac

Mon nouveau pote, Bastien
Pour une bonne compréhension, il tient ma pompe à vélo à la main. Ca y est, vous y êtes ?
Bastien est Suisse, il voyage à pied et sac au dos. Il prend une ou plusieurs années initiatiques en commençant par un stage d'arts martiaux en Espagne, puis divers pays d'Europe. Sa spécialité est d'être geek, partout où il peut trouver un cybercafé. Bonne route, Bastien !

C'est où, Bergerac ?

4 mai - Montségur - Bergerac

Ah, Montségur ! Dès l'instant où je l'ai vu, j'ai cessé de me désirer ailleurs, comme disait le poète, ou le peintre, je ne sais plus. Le charme de l'histoire avec la vie d'aujourd'hui, un ciné-club avec un programme de qualité, un café de pays, une place centrale avec des arcades et un immense marché couvert style Baltard, de magnifiques maisons à vendre à des prix abordables, je m'y suis sentie comme chez moi.



 



Une chaire splendide avec du marbre de toutes les couleurs

Dur, dur, le pays de Duras, pour le cycliste chargé

La Dourdèze, que j'ai passée mille fois dans la journée, méritait bien un petit arrêt pain-beurre


 Entre ces deux photos, tout un monde : le circuit des bastides (en hauteur), puis le circuit des vins (en hauteur), puis un nouveau méchant tour du Navigateur, qui s'était mis en tête un raccourci champêtre par un chemin d'argile bourbeuse et bloqueur de roues. Malédiction : j'ai passé une heure à gratter avec un bâton les kilos de boue collante des 3 roues de l'attelage pour pouvoir recommencer à rouler... sur les grandes routes, mais sans aucune indication de Bergerac.


Comment ont-ils su mon itinéraire du jour, chez Décathlon ?


Bergerac est très beau au coucher du soleil, et le camping municipal un Eden après toutes ces vicissitudes. Je vais y faire ma vie demain, je pense.