mercredi 29 avril 2015

La Baie de Somme, par Colette

Pour me reposer de l'ultime vibrionnage d'avant départ, voici une description de la baie de Somme par Colette dans les Vrilles de la Vigne :

"La baie de Somme, humide encore, mire sombrement un ciel égyptien, framboise, turquoise et cendre verte. La mer est partie si loin qu'elle ne reviendra peut-être plus jamais ?... Si, elle reviendra, traîtresse et furtive comme je la connais ici. On ne pense pas à elle ; on lit sur le sable, on joue, on dort, face au ciel, -- jusqu'au moment une langue froide, insinuée entre vos orteils, vous arrache un cri nerveux : la mer est là, toute plate, elle a couvert ses vingt kilomètres de plage avec une vitesse silencieuse de serpent. Avant qu'on l'ait prévue, elle a mouillé le livre, noirci la jupe blanche, noyé le jeu de croquet et le tennis. Cinq minutes encore, et la voilà qui bat le mur de la terrasse, d'un flac-flac doux et rapide, d'un mouvement soumis et content de chienne qui remue la queue...
Un oiseau noir jaillit du couchant, flèche lancée par le soleil qui meurt. Il passe au-dessus de ma tête avec un crissement de soie tendue et se change, contre l'est obscur, en goéland de neige..."

2 commentaires:

  1. Tu vas être séduite par la baie de Somme......

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  2. Oui, j'en suis sûre. La mer, les oiseaux, les couleurs changeantes, le char à voile...

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Allez, lâche-toi !